Les somnifères sont un problème, sommeil : comment Big Pharma contrôle nos nuits

Les somnifères sont un problème pour un bon sommeil

La prescription de somnifères et autres psychotropes n’est pas que pathologique !

Martine, la femme de Marc, qui dort à ses côtés, ne rêve pas. Son sommeil est profond. Elle se croit poursuivie par des insomnies et prend chaque soir un somnifère.

Sans sa « pilule miracle », pense-t-elle, impossible de faire une « nuit normale ». Son médecin ne l’a pas contredit et lui renouvelle régulièrement son ordonnance, bien que la notice signale que ce médicament n’est pas à prendre au-delà de quelques semaines. Cela dure depuis 5 ans. Même le pharmacien ne semble pas s’en inquiéter et continue à lui vendre.

Martine ne sait pas que le laboratoire qui fabrique le somnifère offre régulièrement des petits cadeaux aux médecins qui les prescrive, un petit voyage exotique ou un dîner-spectacle…La loi « anti-cadeau » ne change rien, les dons des laboratoires sont nombreux et les rémunérations pour le suivi des essais des nouveaux médicaments sur leurs patients restent autorisées. Les médecins qui les acceptent n’y voient aucun mal et quand on les interroge à ce sujet, certains reconnaissent qu’avec tous les médicaments qu’ils prescrivent, les labos « peuvent bien faire des petits cadeaux» !

Le médecin de Martine, comme la plupart de ses confrères, feuillette tous les jours Le Quotidien du médecin où les publicités pour ses médicaments préférés fleurissent dans chaque numéro pour financer le journal et entretenir les bonnes habitudes des prescripteurs. Le journal lui est envoyé gratuitement, comme à tous les médecins. Il ne prend pas le temps de le lire, survole les titres des articles et, parfois, s’arrête sur un chapeau en caractères gras. Il ne songe pas que l’industrie du médicament qui finance le journal et pèse sur son contenu en a fait un instrument de lobbying et de marketing pour modeler son jugement. Il ne réfléchit pas non plus à la raison pour laquelle les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe et pourquoi ils avalent en moyenne deux fois à trois plus de psychotropes (antidépresseurs, tranquillisants, somnifères…).

Les Français dormiraient-ils plus mal que les autres ?

Cette question, il ne se la pose pas. Peut-être lui viendrait-elle à l’esprit s’il assistait à l’un des cours de neurologie où d’éminents professeurs rappellent aux étudiants que la première question qu’ils devront se poser en voyant arriver un patient est de savoir quels médicaments il a consommés, particulièrement quels psychotropes, car toutes les affections neurologiques peuvent être causées par ces derniers. S’il retournait ainsi sur les bancs de la fac pour suivre cette spécialité, il songerait à approfondir son petit colloque standard avec ses patients consommant des médicaments à risque neurologique. Par exemple pour savoir s’ils ne souffrent pas de nouveaux troubles tels que des tremblements, des pertes de mémoire plus fréquentes… Un syndrome parkinsonien, notamment, apparaît souvent lorsque l’on consomme des psychotropes. Il aurait alors relevé que Martine éprouve quelquefois des sensations de ralentissement de ses gestes qui l’auraient conduit à changer son traitement…

Les Français rivalisent toujours avec les Américains.

Nous sommes environ cinq millions dans l’Hexagone à en avaler régulièrement, ajoutez à cela plus de neuf millions considérés comme des « consommateurs occasionnels » et vous aurez une idée du conditionnement sanitaire dans lequel sont beaucoup de gens.

La singularité française repose sur quelques faits saillants : la place centrale des labos pharmaceutiques dans le dispositif de formation du corps médical (y compris chez les futurs neurologues) et leur présence tout au long de leur carrière ont toujours favorisé les volumes de prescription, de même que leur financement massif de la presse médicale.

Depuis l’affaire du Médiator, il est désormais possible d’évoquer un autre aspect de ce lobbying tous azimuts, sans être regardé comme un grand paranoïaque: la bienveillance attentive des grands laboratoires pour les hommes politiques. Jacques Servier, le patron du laboratoire éponyme produisant le Médiator  et perfusant la vie politique, n’a rien d’une exception. Nos grands élus n’envisagent pas une seconde de donner de coup de pied dans la fourmilière. En 2013, l’affaire Cahuzac mettant en cause le ministre du Budget a vu le parquet demander l’ouverture d’une information judiciaire concernant un compte caché en Suisse et le versement sur ce compte de financements venus de l’industrie pharmaceutique. Le dossier révèle aussi que Jérôme Cahuzac a fait auparavant du lobbying pour des firmes pharmaceutiques, avec le concours de Daniel Vial, le lobbyiste le plus influent des laboratoires, comme l’a souligné Mediapart.

Le Leem, le syndicat qui représente les entreprises du médicament, n’aime pas qu’on rappelle les performances françaises en matière de comprimés. Quelle que soit notre place dans cette course, le fait le plus symptomatique est que la population des pays riches n’a jamais avalé autant de médicaments qu’aujourd’hui. Le marché des psychotropes ne cesse de s’élargir en médicalisant les malaises psychosociaux et les émotions liées aux différents aspects de la vie quotidienne, tout en profitant de la progression des affections neuropsychiques, parfaitement documentée. En outre, ces médicaments engendrent régulièrement des troubles qui appellent eux-mêmes  à consommer d’autres médicaments, tout particulièrement chez les personnes âgées consommant beaucoup de médicaments.

Source, d’après un extrait de « 24h sous influences, comment on nous tue jour après jour » Roger Lenglet.

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